Dans son premier discours en tant que dirigeant des Maldives, Mohammed Muizzu s’engage à expulser les troupes indiennes
Mohammed Muizzu prête serment en tant que 8e président de la République des Maldives, à Malé, le 17 novembre 2023. | Crédit photo : PTI
Le président Mohamed Muizzu des Maldives s’est engagé vendredi à expulser les troupes indiennes déployées dans cet archipel stratégiquement situé, dans son premier discours à la nation après avoir prêté serment au pouvoir.
M. Muizzu, 45 ans, n’a pas nommé l’Inde, mais a promis qu’il tiendrait ses promesses électorales, parmi lesquelles l’expulsion de 50 à 75 membres du personnel de sécurité indien.
“Le pays n’aura pas de personnel militaire étranger aux Maldives”, a déclaré M. Muizzu après avoir prêté serment devant le juge en chef Ahmed Adnan lors d’une cérémonie télévisée en plein air.
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“En ce qui concerne notre sécurité, je tracerai une ligne rouge. Les Maldives respecteront également les lignes rouges des autres pays.”
En début de semaine, M. Muizzu a déclaré à l’AFP que son intention n’était pas de bouleverser l’équilibre régional en remplaçant l’armée indienne par des troupes chinoises.
M. Muizzu, ancien maire de la capitale Malé et ministre de la construction pendant sept ans, avait précédemment promis de cultiver des « liens solides » avec la Chine, un bailleur de fonds clé de son pays.
Huitième président du pays depuis l’indépendance de la Grande-Bretagne en 1965, M. Muizzu a été élu en septembre comme mandataire d’un prédécesseur pro-chinois emprisonné pour corruption.
Des représentants de haut niveau de la Chine et de l’Inde étaient présents, ainsi que du Bangladesh, des Seychelles et du Sri Lanka.
Principalement connues comme l’une des destinations de vacances les plus chères d’Asie du Sud, avec des plages de sable blanc immaculées et des stations balnéaires isolées, les Maldives sont également devenues un point chaud géopolitique.
Les voies de navigation mondiales est-ouest traversent la chaîne nationale de 1 192 petites îles coralliennes, s’étendant sur environ 800 km à travers l’équateur.
La Chine était représentée à la cérémonie par le conseiller d’État Shen Yiqin en tant qu’envoyé spécial du président Xi Jinping, qui s’est rendu aux Maldives en 2014 lorsque le mentor de M. Muizzu, Abdulla Yameen, était président.
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Les médias maldiviens rapportaient depuis des jours que le président indien Droupadi Murmu était attendu, mais New Delhi a annoncé qu’il enverrait à sa place le ministre des Sciences de la Terre, Kiren Rijiju.
“Les Maldives sont trop petites pour être empêtrées dans une rivalité géopolitique”, a déclaré M. Muizzu dans son entretien avec l’AFP.
“Je ne suis pas vraiment intéressé à impliquer la politique étrangère des Maldives dans cette affaire.”
Il y a un an, il a déclaré au Parti communiste chinois qu’il souhaitait des liens plus solides avec Pékin si son Parti progressiste remportait les élections de 2023.
“Nous sommes impatients de revenir au gouvernement en 2023, avec le président Yameen à la barre, pour écrire un nouveau chapitre de liens forts entre nos deux pays, tant au niveau national qu’international”, avait alors déclaré M. Muizzu.
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M. Yameen n’a pas pu se présenter aux élections de cette année en raison d’une condamnation pénale et d’une peine de 11 ans de prison pour corruption. Il a désigné M. Muizzu comme son mandataire.
M. Muizzu, un ingénieur civil formé au Royaume-Uni, a tenté de trouver un équilibre entre les rivaux régionaux que sont l’Inde et la Chine.
“Nous allons travailler avec tous les pays, l’Inde, la Chine et tous les autres pays également”, a-t-il déclaré à l’AFP.
M. Muizzu a déclaré qu’il espérait entamer des négociations avec New Delhi sur le retrait du personnel indien déployé pour exploiter trois avions offerts aux Maldives.
L’Inde considère traditionnellement les Maldives, un pays comptant environ 3 80 000 musulmans sunnites, comme faisant partie de sa sphère d’influence.
Mais pendant la présidence de M. Yameen, qui a beaucoup emprunté à la Chine pour des projets de construction, New Delhi s’inquiétait de l’empreinte croissante de Pékin.
L’Inde a un historique de conflits aux Maldives, notamment le déploiement de soldats pour contrecarrer une tentative de coup d’État en 1988.
Mais M. Muizzu est également confronté à un défi encore plus grand : son pays est l’un des pays les plus menacés par la montée du niveau de la mer liée au changement climatique.
80 % des Maldives se trouvent à moins d’un mètre (trois pieds) au-dessus du niveau de la mer.