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Daniel Dufort : Les déboires de Northvolt : une mise en garde contre la politique industrielle risquée du Canada

Ce qui suit est le cinquième d’une série d’articles en français présentés en collaboration avec l’Institut économique de Montréal. La traduction anglaise est incluse ci-dessous.

Oyez, oyez ! C’est le début d’une ère nouvelle en matière de politique industrielle au Canada!

Les gouvernements de tout le pays ont plaidé en faveur d’une transition nationale vers les véhicules électriques, et ils sont prêts à dépenser de grosses sommes d’argent pour y arriver. En fait, le gouvernement fédéral s’est s’engager à ce que tous les véhicules vendus d’ici à 2035 soient zéro émission.

Chéquiers en main, les politiciens ont généreusement distribué des milliards de dollars de fonds publics pour inciter les fabricants de véhicules électriques à s’installer au Canada. À ce jour, les gouvernements du Canada se sont engagés à verser jusqu’à 52,5 milliards $ pour subventionner cette chaîne d’approvisionnement nationale, selon le directeur parlementaire du budget.

Parmi les principaux bénéficiaires, Northvolt, un fabricant suédois de batteries pour véhicules électriques, s’est vu attribuer 7 milliards de dollars de fonds publics. En échange, une région proche de Saint-Basile-le-Grand et de McMasterville accueillera une toute nouvelle usine de batteries pour véhicules électriques, d’une valeur de plusieurs milliards de dollars.

Dans leurs communiqués de presse, les politiciens proclamaient qu’il s’agissait d’un tournant important pour l’économie du Québec.

Mais moins d’un an après la conclusion de l’accord, il semble que la lune de miel touche à sa fin, alors que Northvolt est confronté à de graves difficultés financières.

La faible demande pour les véhicules électriques, notamment en Europeun contrainte Northvolt à fermer l’une de ses usines et à mettre à pied 1600 employés. Dans un souci de réduction des coûts, l’entreprise a également annoncé son intention de limiter ses activités à la fabrication de cellules de batterie.

En juin dernier, BMW a annulé une commande de 2 milliards $, faute de pouvoir se procurer les pièces nécessaires auprès de l’entreprise.

Cette annonce avait alors suscité des inquiétudes quant à ses répercussions sur l’usine de la région de Montréal, mais l’entreprise avait rassuré les décideurs politiques en affirmant qu’elle respecterait ses engagements, permettant quelques ajustements à l’échéancier.

Ces promesses n’ont cependant pas réussi à calmer les inquiétudes à Québec. La semaine dernière, le gouvernement provincial a commencé à évoquer publiquement la possibilité d’annuler l’approvisionnement en électricité de Northvolt si l’entreprise continue à se traîner les pieds dans la construction de l’usine après une certaine date butoir.

Malgré les annonces de l’entreprise, il ne fait aucun doute que les changements sont déjà amortis. Ce qui était initialement prévu en matière de production pour le Québec est aujourd’hui menacé par les décisions stratégiques qui se dessinent en Suède.

Notamment, Northvolt a abandonné ses activités de production de cathodes en Suède, l’une des activités également prévues dans l’usine de Québec.

Mais comment en sommes-nous arrivés là? Pourquoi les Canadiens doivent-ils subir aujourd’hui les conséquences de la disponibilité des entreprises étrangères ?

Tout simplement du fait d’une politique industrielle inadaptée.

On entend par politique industrielle les mesures prises par les pouvoirs publics en vue de promouvoir et de soutenir des industries ou des secteurs spécifiques au sein de l’économie. Il peut s’agir notamment de mesures d’intervention dans le secteur manufacturier en vue d’obtenir des résultats économiques donnés, comme la création d’emplois, la hausse des exportations ou la promotion de l’innovation.

Les subventions ne sont qu’un outil parmi tant d’autres. Ainsi, lorsque le gouvernement tente de stimuler la demande pour les voitures électriques, on combine un pari considérable en faveur de la production de véhicules électriques avec un mandat de zéro émission.

Malheureusement, il ne semble pas y avoir de consensus quant à l’efficacité de cette politique industrielle, malgré les milliards que nous y consacrons. Les données probantes sur l’efficacité des instruments agissant sur la demande sont également peu nombreux.

Ce qui nous ramène à la question de savoir pourquoi les Canadiens doivent aujourd’hui s’inquiéter de la situation financière de ce fabricant suédois.

Tout simplement parce que les gouvernements, se croient capables de déterminer les gagnants sur le marché, ont lié l’argent des contribuables au destin de Northvolt. De telles subventions obligent les contribuables à assumer les risques liés à une entreprise privée.

Cette décision intervient à un moment où les Canadiens sont de plus en plus sceptiques à l’égard des dépenses publiques.

Selon un sondage IEDM-Ipsos réalisé en juillet dernier, 63 pour cent des Canadiens estiment que le gouvernement fédéral dépense trop. En ce qui concerne la gestion de ces dépenses par le gouvernement, 70 pour cent d’entre eux estiment qu’Ottawa fait piètre figure.

Les subventions accordées aux entreprises du secteur des véhicules électriques s’élèveront à près de 6 milliards $ chaque année. Il s’agit du double des recettes additionnelles provenant de la nouvelle tranche d’imposition introduite par le gouvernement Trudeau en 2016, qui s’élevaient à 2,88 milliards $ cette année.

Les Canadiens devraient pouvoir dépenser cet argent eux-mêmes; s’ils ont envie de parier, qu’ils puissent le faire à leur guise.

Par ailleurs, l’IEDM a constaté que si cette tranche d’imposition supplémentaire n’avait jamais été introduite, et si ces milliards étaient restés dans les poches des Canadiens, quelque chose. 9820 les entreprises canadiennes auraient pu voir le jour entre 2016 et 2020. Que Northvolt parvienne ou non à respecter ses engagements, cette saga est révélatrice de la faille fondamentale de toute subvention.

Les gouvernements ne sont pas en mesure de prédire le succès d’une industrie donnée et, lorsqu’ils essaient de le faire, ce sont les contribuables qui se récupèrent à payer les pots cassés.

Les subventions ne garantissent pas la réussite commerciale ; elles introduisent une distorsion du marché, en soustrayant les entreprises aux risques qu’elles devraient assumer. Pendant ce temps, les contribuables subissent les contrecoups lorsque les choses tournent mal, comme nous définirons bien l’apprendre à nos dépens une fois de plus avec Northvolt.

Les difficultés de Northvolt, un avertissement concernant la politique industrielle risquée du Canada

Venez tous, venez tous ! Une nouvelle ère de politique industrielle a émergé au Canada !

Les gouvernements de tout le pays ont appelé à une transition nationale vers les véhicules électriques, et ils sont prêts à dépenser beaucoup d’argent pour y parvenir. En fait, le gouvernement fédéral a mandaté que tous les véhicules vendus d’ici 2035 soient zéro émission.

Les chéquiers étant ouverts, les politiciens ont généreusement distribué des milliards de dollars de l’argent des contribuables pour inciter les constructeurs de véhicules électriques à s’établir au Canada. Jusqu’à présent, les gouvernements canadiens se sont engagés à 52,5 milliards de dollars afin de subventionner cette chaîne d’approvisionnement nationale, selon le directeur parlementaire du budget.

Parmi les principaux bénéficiaires figure Northvolt, un fabricant suédois de batteries pour véhicules électriques, qui a reçu 7 milliards de dollars dans les fonds publics. En échange, un secteur près de Sainte-Basile-le-Grand et de McMasterville sera le site d’une toute nouvelle usine de batteries pour véhicules électriques de plusieurs milliards de dollars.

Dans leurs communiqués, les politiciens vantaient cela comme un tournant pour l’économie du Québec.

Mais moins d’un an après la signature de l’accord, il semble que la phase de lune de miel touche à sa fin, Northvolt étant confrontée à de graves difficultés financières.

Demande atone de véhicules électriques, notamment en Europea contraint Northvolt va fermer un de ses sites et licencier 1 600 salariés. Face à la nécessité de réduire les coûts, l’entreprise a également annoncé envisage de limiter ses activités à la fabrication de cellules de batteries.

BMW, incapable de se procurer les pièces nécessaires auprès de l’entreprise, annulé une commande de 2 milliards de dollars en juin.

Des inquiétudes ont commencé à circuler quant à l’impact que cela aurait sur l’usine de la région de Montréal, mais l’entreprise a rassuré les décideurs politiques en lui disant que, malgré les changements apportés au calendrier, elle maintenir ses engagements.

De telles assurances n’ont toutefois pas réussi à apaiser les inquiétudes à Québec. La semaine dernière, le gouvernement provincial a commencé publiquement ils discutent de la possibilité d’annuler l’approvisionnement en énergie de Northvolt si celle-ci continue de traîner les pieds dans la construction de l’usine au-delà d’un certain délai.

Malgré ce qu’a dit l’entreprise, des changements sont sans doute déjà en cours. Ce qui était initialement prévu pour une production au Québec est maintenant menacé en raison des décisions stratégiques que nous voyons se jouer en Suède.

D’une part, Northvolt a a cessé ses activités liées aux cathodes en Suède, une des opérations également destinées au Québec.

Alors, comment en sommes-nous arrivés là ? Pourquoi les Canadiens sont-ils maintenant aux prises avec la volatilité des affaires des sociétés étrangères ?

La réponse : une mauvaise politique industrielle.

La politique industrielle fait référence aux actions gouvernementales visant à promouvoir et à soutenir des industries ou des secteurs spécifiques de l’économie. Il s’agit notamment d’intervenir dans le secteur manufacturier dans le but d’obtenir des résultats économiques spécifiques, tels que la création d’emplois, la stimulation des exportations ou l’encouragement de l’innovation.

Les subventions ne sont qu’un outil parmi d’autres. Ainsi, alors que le gouvernement tente de stimuler la demande de voitures électriques, un pari important sur la production de véhicules électriques est combiné à un mandat zéro émission.

Malheureusement, cela ne semble pas être répandu consensus que la politique industrielle fonctionne, malgré les milliards que nous y consacrons. Le preuve quant à l’efficacité des instruments axés sur la demande, elle est également limitée.

Ce qui nous ramène à la question de savoir pourquoi les Canadiens s’inquiètent désormais de la santé financière de ce fabricant suédois.

La réponse est que les gouvernements, croyant d’une manière ou d’une autre qu’ils sont doués pour choisir les gagnants sur le marché, ont lié l’argent des contribuables au sort de Northvolt. De telles subventions obligent les contribuables à assumer le risque d’une entreprise privée.

Cela survient à un moment où les Canadiens sont de plus en plus sceptiques quant aux dépenses gouvernementales.

Selon un sondage MEI-Ipsos réalisé en juillet, 63 pour cent des Canadiens croient que le gouvernement fédéral dépense trop. Concernant la question de la gestion gouvernementale de ces fonds, 70 pour cent trouvent qu’Ottawa ne gère pas bien son argent.

Les subventions aux constructeurs de véhicules électriques s’élèveront à près de 6 milliards de dollars par an. Cela représente le double des revenus supplémentaires générés par la nouvelle tranche d’imposition introduite par le gouvernement Trudeau en 2016, qui s’élevait à 2,88 milliards de dollars cette année.

C’est de l’argent qui serait mieux dépensé par les Canadiens; s’ils ont envie de jouer, que ce soit leur choix.

De plus, l’IEDM a constaté que si cette tranche d’imposition supplémentaire n’avait jamais été instaurée et si ces milliards étaient restés dans les poches des Canadiens, certains 9 820 Des entreprises canadiennes auraient pu être lancées entre 2016 et 2020.

Que Northvolt parvienne ou non à tenir ses engagements, toute cette saga révèle le défaut fondamental des subventions.

Les gouvernements ne sont pas équipés pour prédire quelles industries réussiront, et lorsqu’ils tentent de le faire, ce sont les contribuables qui portent le sac.

Les subventions ne garantissent pas le succès sur le marché ; ils faussent le marché, protégeant les entreprises des risques qu’elles devraient supporter. Pendant ce temps, ce sont les contribuables qui supportent tous les inconvénients lorsque les choses tournent mal, comme nous pourrions bien l’apprendre à nos dépens une fois de plus avec Northvolt.

Daniel Dufort

Daniel Dufort est président et directeur général de l’IEDM, un groupe de réflexion avec des bureaux à Calgary et à Montréal. Daniel Dufort est président et chef de la direction de l’Institut économique de Montréal….

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Harold Fortier: