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Critique de « Look Into My Eyes » : profil complexe des médiums de New York

Au début du documentaire de Lana Wilson sur les médiums, « Look Into My Eyes », un ciel gris de New York flotte au-dessus d’un immeuble quelconque. Une lueur jaune discrète provient d’une fenêtre à étages. À l’intérieur, une femme commence à raconter à quelqu’un hors caméra la mort tragique d’une jeune fille, une chose à laquelle elle s’est accrochée fermement pendant 20 ans. Il y a une question à laquelle elle n’a toujours pas de réponse. Comment va-t-elle ?

Wilson revient sur ce plan extérieur du bâtiment à la fin du film, après avoir assisté à plusieurs autres interactions et avoir fait la connaissance de quelques-uns de ces médiums, dont beaucoup portent en eux leurs propres maux non résolus. Mais à la fin, l’image semble quelque peu différente : cette fenêtre éclairée sur la grande ville dure et angoissée transmet une chaleur pleine d’espoir. Cela semble réconfortant.

Il est tout à fait naturel de venir à « Look Into My Eyes » en tant que sceptique, car on est humain. Le monde des voyants est bizarre et suspect, et nous aimons les documentaires qui lèvent le voile sur ce qui nous afflige. Ce qui est également universel, cependant, en ces années de traumatisme mondial, c’est la nécessité de s’attaquer à ce qui nous fait souffrir, et c’est cette perspective qui informe l’approche de Wilson – la même qui a imprégné de grâce ses précédents documentaires « After Tiller », sur les médecins qui pratiquent l’avortement, et « The Departure », sur un moine en proie à la tourmente.

Quelque chose de divertissant et d’émouvant se dégage de la rencontre étroite, attentionnée et non dénuée de scepticisme de Wilson avec une poignée de médiums new-yorkais qui exercent leurs activités et vivent leur vie. On finit par croire, non pas aux pouvoirs paranormaux ou à un don mystique, mais aux modestes éléments constitutifs de la capacité à tendre la main. Ces transactions cachées de foi et de performance offrent, à leur manière, une sorte de réconfort.

Le mode d’observation de Wilson est respectueux, la configuration multi-caméras étant fixée sur des échanges feutrés et maladroits au début, comme s’il capturait une interview importante où le sujet et l’interrogateur ont un statut égal. Les visages des clients affichent des sourires nerveux lorsqu’ils posent une question ou attendent une réponse, ou lorsqu’ils reçoivent une déclaration de présence spirituelle. Les médiums, eux aussi, trahissent leur propre appréhension lorsque les choses leur viennent. Cela suscitera-t-il une émotion, les rapprochera-t-il de la source de la douleur ? Ou cela va-t-il mal tourner ? Cela ressemble à une première danse, où les deux parties veulent éviter de marcher sur les pieds ou de diriger activement, mais trouvent un rythme qui correspond à la musique et, surtout, qui leur fait du bien.

Les échanges ressemblent souvent à des tentatives d’être entendu, où tout ce que l’on recherche, c’est un mot gentil et sensé de la part du visage amical qui se trouve en face de vous. Une personne adoptée veut des détails sur les parents biologiques chinois qui l’ont abandonnée. (Ils étaient avides ; être adopté peut être difficile.) Une femme tendue craint que son chien rebelle ne l’aime pas. (Il sent cette inquiétude ; soyez plus calme.) Un jeune homme noir est obsédé par le fait d’avoir appris le prix de l’esclave de son ancêtre. (Concentrez-vous sur la définition de votre propre liberté.)

Mais cette forme d’apaisement va dans les deux sens. Les histoires d’angoisse et de solitude des médiums (sans surprise, il s’agit presque tous d’anciens acteurs ou d’acteurs en activité) influencent invariablement le type de messages de guérison délivrés : qu’une personne est unique, que personne ne peut changer le passé, qu’un être cher disparu l’accepte, que la reconnaissance est imminente. La vie de certains médiums semble, franchement, précaire, et à un certain moment, nous comprenons, de manière assez émouvante, que lors de ces séances, ils se réconfortent autant eux-mêmes que leurs clients.

Dans les interviews, on peut entendre Wilson hors champ, interroger doucement : est-ce essentiellement de l’improvisation ? Leurs réponses ne sont pas défensives – les médiums s’appuient sur une confiance affable dans le fait de ne pas savoir exactement ce qui se passe, mais que quelque chose se passe. Comme l’ajoute l’un d’eux : « Si cela résonne, cela n’a pas vraiment d’importance. »

Les relations humaines sont des dons, l’imagination est puissante et l’empathie n’est pas un piège. Voilà ce que « Look Into My Eyes » nous communique patiemment depuis son perchoir vigilant. Ce que font ces guérisseurs indépendants n’est peut-être pas une thérapie professionnelle. Mais le documentaire sensible et intime de Wilson, l’un des meilleurs de l’année, nous permet de mettre notre méfiance de côté pour considérer ce que l’on peut ressentir profondément à partir d’un faux-semblant accepté entre des âmes consentantes et réceptives.

« Regarde-moi dans les yeux »

Notation: R, pour la langue

Durée : 1 heure, 44 minutes

Jouant: En sortie limitée le vendredi 13 septembre

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