Le hurlement musclé et sanguinaire de « Gladiator II » n’est pas votre seule opportunité de spectacle d’époque cette saison, grâce à l’attrait renouvelé que l’auteur d’aventures OG Alexandre Dumas a exercé récemment sur l’industrie cinématographique française.
Le copieux en deux parties « Les Trois Mousquetaires » (« D’Artagnan » et « Milady ») de l’année dernière a été suivi d’une version encore plus grandiose et non moins agréable : une nouvelle adaptation du « Comte de Monte-Cristo », réalisé par les scénaristes des Mousquetaires et Dumas-philes officiels Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière. Les cinéphiles voudront augmenter leur régime de vengeance romain féculent et nerveux avec la sauce mère gauloise aux herbes qui frappe ce « Monte Cristo » – après tout, « Gladiator » pointe son casque vers « Ben-Hur », qui a été directement inspiré du classique de Dumas. .
Et comme tout festin français à plusieurs plats qui mérite son indulgence, celui-ci dure trois heures. Mais ce temps passe vite, semblable à une nuit douillette avec une frénésie d’épisodes. Cette condensation piquante d’une épopée de 18 volumes et 1 300 pages est un modèle de rationalisation, même si les nombreux fils, émotions et complications alléchants du récit pourraient être encore plus étoffés. C’est là l’ironie, cependant, d’un investissement passionné dans un conte véhiculant le poids de plusieurs décennies : la nuance se mérite, et le fait qu’elle soit bien appliquée fait la différence entre un fil simplement déchiré et un fil complet et satisfaisant.
Mais cette absence de subtilité n’est guère une critique, car ce qui s’offre ici, que ce soit sur terre ou sur mer, marqué par l’épanouissement ou le malheur, est un plaisir magnifique et saisissant. Pour commencer, il y a le superbe casting de Pierre Niney (« Frantz »), maussade et aux yeux en amande, dont l’intensité en homme de peu de mots suggère la progéniture d’un bretteur et d’un romantique d’art et d’essai troublé. Cette alchimie devient un atout puissant alors que son Edmond, un jeune capitaine de navire accusé de trahison par son ami jaloux Fernand (Bastien Bouillon) et son équipier irrité Danglars (Patrick Mille) et envoyé à vie par le procureur corrompu Villefort (Laurent Lafitte), passe de victime tourbillonnante d’un comploteur masqué et mystérieux à long terme.
L’aide vient en premier avec un compagnon de cellule italien sage et mentor (Pierfrancesco Favino) et une évasion passionnante après 14 ans (un simple incident pour nous) dans une prison insulaire. Réapparaissant déguisé en un comte riche, mondain et vêtu de noir (mais abritant un plan de représailles élaboré), Edmond retourne dans la vie prospère des hommes qui l’ont trahi. Il découvre également un fils (Vassili Schneider) que Fernand, désormais héros de guerre, a engendré après avoir récupéré pour lui la fiancée démunie d’Edmond, Mercédès (Anaïs Demoustier). Aux côtés du comte se trouvent un jeune homme (Julien de Saint Jean) et une femme (Anamaria Vartolomei) aigris et orphelins, qui ont leurs propres raisons de devenir adoptés par le projet de leur bienfaiteur.
Delaporte et De La Patellière comprennent que le type de vengeance romanesque de Dumas, qu’elle soit froid ou chaudest mieux servi à l’écran dans les lieux européens les plus pittoresques, avec les caméras du directeur de la photographie Nicolas Bolduc prêtes à fondre et à s’envoler selon les besoins, et à galoper, sans jamais traîner. Encore une fois, cela aurait pu être sympa si le film s’attardait davantage sur certains moments intimes, notamment lorsque Niney obtient sa grande scène de déclaration d’intention, seul dans une église, injuriant Dieu, prêt à régler ses comptes. Ce moment exige presque un monologue enflammé et prolongé, pas la version précipitée proposée.
Mais les cinéastes savent quand prolonger la tension ailleurs, comme dans une scène de dîner délicieusement mesquine dans laquelle le comte, armé des péchés secrets de ses cibles involontaires, joue avec elles, une performance qui trahit également une idée du caractère périlleux de sa cruauté. Bien sûr, à mesure que se déroule « Monte Cristo », nous sommes censés remettre en question tout ce qui est provoqué par une mentalité de justice froide, et oui, ces leçons deviennent un peu un buzzkill moral. Mais ce n’est qu’après avoir tant savouré les exploits de l’un des punisseurs archétypaux de la littérature, qui accueille favorablement les cauchemars, explique-t-il, car « ils gardent mes blessures fraîches ». Joyeux Noël, mes amis !
« Le Comte de Monte-Cristo »
En français, sous-titré en anglais
Noté : PG-13, pour la violence aventure/le jeu d’épée et un peu de sensualité
Durée de fonctionnement : 2 heures et 58 minutes
Jouant: Ouverture le vendredi 20 décembre au Laemmle Royal et AMC The Americana au Brand 18