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Critique de « 1992 » : les émeutes de Los Angeles sont la toile de fond d’un thriller médiocre

Avec le titre « 1992 » et une photo de Tyrese Gibson, le propre personnage de Watts, sur l’affiche, on pourrait supposer sans risque que les émeutes de Los Angeles de 1992 qui ont éclaté à la suite du verdict de Rodney King seraient au cœur de ce thriller de série B du réalisateur Ariel Vromen. Au contraire, les émeutes semblent accessoires à l’histoire.

En effet, le film se déroule le 29 avril 1992, une date immortalisée dans l’infamie (et dans la chanson, par le groupe de SoCal Sublime), mais les manifestations qui ont dégénéré en soulèvement ne sont que l’arrière-plan d’un film de braquage qui oppose une équipe de voleurs professionnels à un ancien membre de gang. Aucun aperçu des événements de cette journée spécifique de l’histoire de Los Angeles ne sera trouvé ici.

Gibson joue le rôle de Mercer Bey, surnommé « OG Merc » par ses anciens compatriotes du quartier. Il vient de sortir de prison et tente de se réintégrer dans la société en travaillant dans la fabrication de convertisseurs catalytiques chez Pluton Metals. Il tente également d’être un père fort et stable pour son fils adolescent, Antoine (Christopher Ammanuel).

Scott Eastwood joue le rôle de Riggin, qui prépare un dernier braquage (c’est toujours le dernier, n’est-ce pas ?). Il convainc son jeune frère Dennis (Dylan Arnold) et son ami Copeland (Clé Bennett) de s’associer pour un vol audacieux du coffre-fort de platine de Pluton, puis fait participer son père, Lowell (Ray Liotta), au projet. Le jour des troubles civils, alors que « personne ne surveille la boutique », ils entrent en action, sachant que l’attention du LAPD sera ailleurs.

Une série d’événements malheureux et de décisions douteuses mènent tout le groupe à l’usine ; une série de choix irréfléchis et violents mène à la tragédie, père contre père, fils contre fils. Ce serait vraiment shakespearien s’il était le moins du monde convaincant. Le problème est que le scénario, écrit par Vromen et Sascha Penn, ressemble à un travail de Frankenstein à haut concept, collant ensemble deux idées (« Heat », mais pendant les émeutes de Los Angeles ») sans vraiment réfléchir aux thèmes et idées plus profonds en jeu.

Gibson, qui a l’air grisonnant, est toujours une présence convaincante à l’écran. Le regretté et grand Liotta est également terrifiant. Mais le reste de l’histoire a des motivations et des enjeux confus. Le Lowell de Liotta hésite à faire le travail mais change d’avis d’une manière déconcertante. Il amène avec lui un joker du style Waingro qui déclenche l’effusion de sang, et les choses dégénèrent à partir de là, tandis que Mercer et Antoine, qui ont interrompu le braquage, se battent pour leur vie.

Il s’avère que Vromen a fait un meilleur choix en s’éloignant des émeutes dans la seconde moitié du film. Ce qu’il présente dans la première moitié est embarrassant : une mise en scène ringarde et ringarde du chaos. Cela semble forcé et extrêmement rétrograde, politiquement. Quand Antoine exprime sa frustration de voir son père l’éloigner de la rue, Mercer réprimande son fils en lui disant qu’il doit se rebeller. Cette perspective semble terriblement démodée dans le contexte actuel d’une Amérique post-Black Lives Matter.

Même l’aspect visuel de « 1992 » semble délavé par le temps et manque de profondeur de champ. Chaque plan extérieur de Los Angeles présente une correction des couleurs désaturée et jaunâtre. L’aspect du film de nuit et dans l’usine est beaucoup plus sophistiqué, avec l’utilisation spécifique de la lumière et de l’obscurité dans l’usine fermée. Mais la géographie et certaines coïncidences sont aussi déroutantes que le message. La durée de 96 minutes semble cyclique et sans fin.

Bien qu’il soit associé aux émeutes, ce film ne souhaite aborder aucun des sujets abordés. Vromen et Penn auraient mieux fait d’écrire un film de braquage père-fils simple sans essayer (et échouer) à réussir cette manœuvre de haut niveau.

Katie Walsh est critique de cinéma au Tribune News Service.

« 1992 »

Notation: R, pour violence et langage omniprésent

Durée : 1 heure, 36 minutes

Jouant: En diffusion large le vendredi 30 août

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