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CHRONIQUE : Un souvenir sombre et inquiétant des ballons rouges

Le ciel d’été était d’un gris sombre.

La fumée des feux de forêt qui brûlent en Colombie-Britannique et au-delà obscurcit le ciel, réduisant ainsi la visibilité. La respiration est devenue difficile et en août, la qualité de l’air dans une grande partie de l’intérieur du sud était la pire de la planète.

Cela a été la réalité au cours de la pire saison d’incendies de forêt de l’histoire de la Colombie-Britannique. Il s’agit également de la pire saison d’incendies de forêt jamais enregistrée au Canada dans son ensemble.

Les scènes de ciel enfumé et de visibilité limitée auraient pu être utilisées comme décor pour un film post-apocalyptique, racontant l’histoire d’un monde mourant ou mort.

Pendant que se déroulait la terrible saison des incendies, des efforts ont également été déployés pour apporter un peu de couleur à l’atmosphère grise et sale. Les messages circulant sur les réseaux sociaux disaient : « Partagez un ballon rouge pour soutenir nos pompiers qui font un travail incroyable. »

Des images de ballons rouges sont apparues dans les fils d’actualité, ajoutant un peu de luminosité pendant la fumée et la brume. Ce geste était une façon de montrer sa gratitude et son appréciation à ceux qui travaillent pour réduire la propagation des incendies de forêt.

Le but était impressionnant et inspirant. Cependant, les ballons rouges peuvent véhiculer un message inconfortable.

Il y a quatre décennies, en 1983, Nena, un groupe de new wave de Berlin-Ouest, a acquis une renommée internationale avec la chanson 99 Luftballons. Au Canada, la chanson était mieux connue sous son titre anglais, 99 Red Balloons. Les paroles de la version entendue au Canada ont été chantées en anglais, mais ne sont pas une traduction directe des paroles allemandes.

La musique était entraînante, mais les paroles, en anglais et en allemand, étaient tout sauf agréables.

Dans les deux langues, la chanson raconte une guerre qui commence lorsque 99 ballons (les paroles allemandes ne précisent pas la couleur) sont pris pour des ovnis. Il en résulte une longue guerre qui se termine finalement par une dévastation totale.

La traduction anglaise des paroles allemandes comprend la phrase suivante : « 99 ans de guerre n’ont laissé aucune place aux vainqueurs ».

La chanson de 1983 est sortie pendant la guerre froide, la période allant de la fin des années 40 au début des années 90. C’était une époque de tensions politiques inconfortables entre les États-Unis et leurs alliés et l’Union soviétique et ses alliés. Une course aux armements nucléaires entre les deux superpuissances pourrait potentiellement anéantir la vie humaine sur la planète.

À cette époque, en raison des tensions de la guerre froide, deux pays formaient ce qui est aujourd’hui l’Allemagne. L’Allemagne de l’Ouest était une nation du bloc occidental, tandis que l’Allemagne de l’Est était une nation du bloc de l’Est. La ville de Berlin était également divisée en Berlin-Ouest et Berlin-Est. La réunification allemande, à la fin des années 1980 et au début des années 1990, n’était pas encore achevée avant plusieurs années.

Le même thème que l’on retrouve dans la chanson de Nena de 1983 se retrouve également dans la musique, les livres et les films des années 1970 et 1980. C’était un thème qui avait été exploré avec des détails effrayants depuis le lancement des deux premières bombes atomiques sur le Japon en août 1945.

L’anéantissement nucléaire a été évité à l’heure actuelle, tout comme une guerre mondiale qui dure depuis des décennies. Cependant, la menace de destruction persiste.

Des guerres font rage en Ukraine et dans d’autres parties du monde, certaines durent des années. Et de plus en plus de voix s’élèvent pour mettre en garde contre la possibilité de catastrophes environnementales et d’effets dévastateurs à long terme du changement climatique.

Les détails au Canada aujourd’hui ne sont pas les mêmes qu’en Europe il y a quatre décennies. Pourtant, la possibilité d’une destruction s’est encore manifestée cet été.

Le ciel gris et sale de l’intérieur de la Colombie-Britannique et d’ailleurs peut être considéré comme l’image d’un monde qui a terriblement mal tourné.

Le défi est de garantir que les aperçus observés cette année ne deviennent pas une réalité permanente.

John Arendt est le rédacteur en chef de la Summerland Review.

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