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Ce que représente l’UE sur Gaza et le conflit israélo-palestinien

Ce que représente l’UE sur Gaza et le conflit israélo-palestinien

Des Palestiniens se tiennent debout sur les décombres d’un bâtiment détruit lors des frappes israéliennes sur Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. 20 novembre 2023-AFP

Le 7 octobre, l’effroyable attaque terroriste du Hamas a relancé un cycle de violence qui a dégénéré en une tragédie humanitaire à Gaza. C’est le résultat d’un échec politique et moral mondial, pour lequel les peuples israélien et palestinien paient le prix fort. Ce prix continuera d’augmenter si nous n’agissons pas.

Je suis venu en Israël, en Palestine, en Jordanie et dans la région du Golfe pour empêcher précisément que cela se produise. Je suis venu offrir l’aide de l’UE pour atténuer la crise humanitaire à Gaza, contribuer aux efforts visant à éviter une propagation du conflit dans la région et lancer les travaux en faveur d’une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens. Cette guerre doit être la dernière.

L’attaque barbare du Hamas contre des civils israéliens le 7 octobre était totalement injustifiable. Nous l’avons condamné dans les termes les plus fermes et avons reconnu le droit d’Israël à se défendre. Cependant, la manière dont Israël utilise ce droit est essentielle. Il n’y a pas de chèque en blanc. Cela compte beaucoup pour l’avenir de la région. Le droit international et humanitaire doit être respecté.

Comme l’avait déjà fait le président américain Joe Biden, j’ai demandé à mes interlocuteurs israéliens de « ne pas se laisser aveugler par la colère ». Les meilleurs amis d’Israël sont ceux qui appellent à la retenue. Par exemple, couper l’eau, la nourriture, l’électricité et le carburant à une population civile n’est pas acceptable. L’ampleur des bombardements et le nombre de victimes sont également extrêmement préoccupants.

Nous devons atténuer de toute urgence la crise humanitaire dramatique à Gaza. Il est essentiel de limiter les souffrances de la population palestinienne, mais il est également essentiel de libérer les otages israéliens. Toutefois, l’aide humanitaire ne peut jamais être conditionnée, d’autant plus si des innocents en souffrent.

Par exemple, couper l’eau, la nourriture, l’électricité et le carburant à une population civile n’est pas acceptable.

Joseph Borrell

Nous devons garantir que les fournitures humanitaires entrent à Gaza en quantités suffisantes pour répondre aux besoins quotidiens. Les capacités de transit doivent être augmentées et davantage de postes frontaliers ouverts. Des couloirs sûrs doivent être établis pour les blessés et les malades. Le Comité international de la Croix-Rouge doit avoir accès aux otages détenus par le Hamas, qui doivent être libérés immédiatement et sans condition.

Une fois la situation humanitaire consolidée, il faudra passer à la politique. J’ai discuté en Israël et en Palestine d’un ensemble de principes concernant l’avenir possible de Gaza.

Nous nous opposons au déplacement forcé de la population de Gaza vers d’autres pays. Nous disons non à la réduction du territoire de l’enclave, à sa réoccupation par Israël ou au Hamas qui continue d’utiliser son territoire comme refuge. Non également à la dissociation de Gaza de la question palestinienne globale.

L’Autorité palestinienne doit retourner à Gaza. Toutefois, il aura probablement besoin d’un soutien pendant une période transitoire. Nous encouragerions donc une participation plus forte des États arabes, auxquels les Israéliens et l’Autorité palestinienne ont confiance. Nous devons désormais également résoudre le conflit israélo-palestinien dans son ensemble. Je comprends que les États arabes, comme l’UE, doivent être certains que leur participation ne sera pas une fin en soi, mais une étape sur la voie claire vers un État palestinien.

L’Autorité palestinienne doit retourner à Gaza. Toutefois, il aura probablement besoin d’un soutien pendant une période transitoire.

Joseph Borrell

Enfin, nous avons besoin d’une plus grande implication de l’UE. Non seulement pour aider à reconstruire Gaza, comme nous l’avons déjà fait à plusieurs reprises, mais aussi pour aider à construire un État palestinien pleinement souverain, capable de restaurer les droits des Palestiniens. L’UE doit contribuer à garantir la sécurité et la liberté d’Israël et de la Palestine.

Pendant des décennies, la communauté internationale s’est formellement engagée en faveur de la solution à deux États, mais sans un engagement suffisant pour y parvenir efficacement. Pendant ce temps, dans les deux camps, les forces du déni grandissaient, sous l’orgueil des uns et le désespoir des autres.

Au cours des dernières décennies, le territoire palestinien a été divisé en un archipel de zones déconnectées. Les colonies illégales en Cisjordanie et la violence contre les Palestiniens ont augmenté de façon spectaculaire et sont devenues encore plus brutales depuis l’attaque du Hamas. Avec les accords d’Abraham, beaucoup pensaient que le conflit israélo-palestinien pouvait être contourné. Le 7 octobre a dissipé cette illusion.

Cette fois, nous devons mettre fin au cercle vicieux de la violence. Dans le cas contraire, elle se perpétuera de génération en génération, de funérailles en funérailles.

J’ai discuté avec nos partenaires régionaux de la manière de mettre en œuvre la solution à deux États, en m’appuyant sur la coopération que l’UE a établie l’année dernière avec l’Arabie saoudite, l’Égypte, la Jordanie et la Ligue arabe pour œuvrer à une paix régionale globale.

Nous devons maintenant intensifier notre travail. Ce sera difficile, mais travailler ensemble reste le seul moyen viable d’instaurer la paix. C’est notre objectif commun et notre engagement. Nous le devons aux milliers de victimes israéliennes et palestiniennes décédées depuis le 7 octobre.

  • Josep Borrell est haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et vice-président de la Commission européenne. X : @JosepBorrellF

Avertissement : les opinions exprimées par les auteurs dans cette section sont les leurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d’Arab News.