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« Admissions pour manque de soutien social » dans les hôpitaux : un échec des politiques, et non des personnes

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Dans leur recherche publiée dans le JAMCMah et ses collègues résument l’expérience des professionnels et professionnelles de la santé qui prodiguent des soins à une patientèle dont la maladie n’est pas aiguë et qui n’a pas besoin d’être hospitalisée, mais pour qui le congé ne serait pas sécuritaire en raison de besoins de complexes de santé et d’un manque de soutien social1. Les auteurs de l’article utilisent le terme « admission pour manque de soutien social ». Or, on entend souvent plutôt le terme « patient inapte », qui a une connotation très péjorative et qui rend implicitement la personne responsable de la situation dans laquelle elle se trouve.

À une époque où les hôpitaux avaient régulièrement un taux d’occupation supérieur à 100 %, les professionnels et professionnelles de la santé, les hôpitaux et les gouvernements considèrent les « admissions pour manque de soutien social » comme un problème.1. Les prestataires de soins de santé sont d’avis que ces patients et patientes reçoivent des soins sous-optimaux; cela dit, le fait que les hôpitaux soient devenus l’endroit où aboutissent de plus en plus de personnes qui ne réussissent plus à se débrouiller dans la communauté les contrarie. Ce n’est cependant pas la faute de la patientèle si les soins à domicile sont insuffisants, si les soins de longue durée ne sont pas accessibles aux personnes qui en ont réellement besoin ou s’il est impossible de prendre en charge une maladie chronique dans la communauté sans accès à un logement stable. Nous examinons comment la perception de ce problème comme un échec des politiques et les investissements en amont dans des politiques fondées sur des données probantes pourraient contribuer à remédier à la situation.

En milieu hospitalier, le nombre de comités chargés de la qualité utilise comme indicateur de qualité le pourcentage des personnes hospitalisées qui n’ont plus besoin de soins de courte durée (celles-ci occupent 10 %–20 % des lits d’hôpital dans de nombreuses régions du pays). De plus, le « ratio de prise en charge des autres niveaux de soins » constitue désormais un indicateur prioritaire pour le plan d’amélioration de la qualité 2024-2025 de Santé Ontario2,3. En raison de l’urgence nécessité de libérer des lits d’hôpital et d’atténuer l’engorgement des services d’urgence, certains gouvernements ont commencé à dire aux patients et patientes bénéficiant d’autres niveaux de soins qu’ils seront transférés vers un établissement de soins de longue durée situé à des kilomètres de chez eux et que, en cas de refus, sur leur facturera l’occupation du lit d’hôpital4. En outre, compte tenu de l’achalandage sans précédent, les prestataires des services d’urgence n’ont d’autre choix que de donner leur congé à des patients et patientes qui, ils le savent, retourneront vivre dans des conditions potentiellement dangereuses. Dans presque tous les cas, ce sont les professionnels et professionnelles de la santé, et non les responsables des orientations politiques, qui ont la de dire aux patients et aux patients qu’ils doivent retourner dans un milieu non sécuritaire ou peu souhaitable.

Les politiques punitives comme celle-ci causent de la détresse à la patientèle, aux familles et aux prestataires de soins de santé, tout en échouant à ramener les taux d’occupation des lits d’hôpital à des niveaux raisonnables. Ces politiques vont également à la rencontre de l’engagement indéfectible des travailleurs et des travailleuses de la santé désireux de mieux servir la patientèle qui, sans eux et elles, serait abandonnée par les systèmes de santé et de services sociaux plus généraux1.

En plus d’être plus bénéfiques pour la patientèle, les stratégies non punitives affaiblissent le nombre et les coûts des hospitalisations5. L’une d’entre elles consiste à intégrer dans les services d’urgence du personnel et des programmes qui savent répondre aux besoins de complexes de santé des personnes susceptibles d’être « admises pour manque de soutien social ».

Des programmes pilotes de pair-aidance sont en cours dans les services d’urgence, permettant à des personnes vivantes ou ayant vécu une forme de marginalisation, comme l’itinérance, un problème de santé mentale ou la consommation de substances psychoactives, d’aider la patientèle ayant des expériences comparables à établir un lien de confiance avec l’équipe clinique, à explorer le soutien social offert dans la communauté et à éviter l’hospitalisation. La littérature récente portant sur les personnes en pair-aide en milieu hospitalier montre qu’elles offrent un appui essentiel aux patients et patients qui ont accès au soutien social et aux services de réduction des méfaits6.

Le personnel infirmier en gériatrie d’urgence et les équipes multidisciplinaires en gériatrie sont de plus en plus intégrés dans les services d’urgence canadiens et assurent à la gestion et à la coordination des soins aux personnes âgées fragiles dont les capacités fonctionnelles ou la cognition sont en déclin. Bien que ces initiatives diminuent le nombre d’admissions et les visites répétées de manière rentable7elles ne remplacent pas les formes de soutien communautaire, comme des soins à domicile adéquats ou l’accès aux soins de longue durée7.

De plus, les hôpitaux élargissent leurs équipes de soins de santé pour inclure des travailleurs et des travailleuses en soins de santé communautaires et ainsi aider les personnes vulnérables à accéder aux services de santé et aux services sociaux. Souvent des profanes vivant dans la même communauté, ces travailleurs et travailleuses adaptent leur soutien selon les besoins de santé physique et mentale de la personne et l’aident à réaliser certaines tâches, comme accéder au soutien au revenu, ou l’accompagnent à ses rendez-vous. -vous médicaux. Ce changement correspond aux données probantes qui montrent depuis long-temps que les services de santé et les services sociaux sont modelés par des conditions extérieures aux milieux cliniques8,9.

Un examen effectué par l’Organisation mondiale de la Santé a permis de conclure que les travailleurs et les travailleuses en soins de santé communautaires étendent les services de santé aux populations vulnérables, répondent aux besoins de santé d’une manière adaptée sur le plan culturel, améliorer l’accès aux services, lutter contre les iniquités en matière d’état de santé et rehausser l’efficacité des systèmes de santé10. Toutefois, pour bénéficier de ces avantages, il faut intégrer ces travailleurs et travailleuses au moyen de mesures d’intérêt public liées à la planification des ressources humaines de la santé et du partage des données, et qui comprennent des processus permettant de résoudre les multiples problèmes. légaux, financiers et de gouvernance qui se présentent lors de la mise en place de programmes solides de travailleurs et travailleuses en soins de santé communautaires10.

Les systèmes de santé du Canada sont fragmentés et manquent de coordination et de ressources; les filets de sécurité sociale sont aussi effilochés. Malgré la promesse des programmes décrits ici, ces systèmes ne tiennent pas compte des déterminants sociaux de la santé qui peuvent mener à des consultations aux urgences. Afin de rétablir la dignité humaine dans les soins de santé — autrement dit, pour s’attaquer correctement aux obstacles que doit surmonter la patientèle et à la détresse morale des prestataires de soins de santé — les facteurs structurels causant les disparités en santé doivent être prédéfinis comme des échecs des politiques, et non des personnes.

Notes de bas de page

  • Intérêts concurrents : www.cmaj.ca/staff (Varner et Laupacis). Andrew Boozary siège au conseil d’administration du groupe Inner City Health Associates.

  • Traduction et révision : Équipe Francophonie de l’Association médicale canadienne

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Références

  1. Académies nationales des sciences, de l’ingénierie et de la médecine ; Division de la santé et de la médecine ; Conseil des services de soins de santé ; Comité sur l’intégration des soins sociaux dans la prestation des soins de santé pour améliorer la santé de la nation. Intégrer les services sociaux dans la prestation des soins de santé : aller en amont pour améliorer la santé de la nation. Washington (DC): Presse des académies nationales; 2019.

  2. Que savons-nous des agents de santé communautaires ? Une revue systématique des revues existantes : Human Resources for Health Observer Series No. 19. Genève: Organisation Mondiale de la Santé; 2021.

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