Il est difficile de cerner la musique d' »Emilia Pérez »
« Emilia Pérez » n’est pas ce que la plupart évoqueraient en pensant à une comédie musicale. Et c’est là que réside son super pouvoir.
Son scénariste-réalisateur, Jacques Audiard, a choisi de raconter l’histoire d’un brutal seigneur d’un cartel de drogue mexicain (interprété par Karla Sofía Gascón) qui subit de profonds changements au cours de sa vie – y compris une opération de changement de sexe – sous la forme d’un drame romantique, comique et musical qui ne Je n’ai pas peur de mes thèmes sombres et de mes commentaires sociaux. Gagnant du prix du jury à Cannes, du prix de la bande originale et du prix de l’actrice (partagés par Gascón, Zoe Saldaña, Selena Gomez et Adriana Paz), c’est inattendu à chaque instant, avec une croissance personnelle ici et une réelle menace là, nécessitant de nombreux types de chansons originales.
C’est là qu’interviennent les compositeurs Clément Ducol et Camille Dalmais — mieux connus sous le nom d’auteur-compositeur-interprète Camille —. Ils ont créé une suite de chansons dans un large éventail de genres, dont deux qui démontrent la portée du film: la ballade pop d’épanouissement personnel « Mi Camino, » interprété par Gomez, en tant qu’épouse du chef du cartel, via karaoké ; et la dénonciation rock-rap époustouflante de l’hypocrisie venimeuse, « El Mal », dans laquelle Saldaña (avec l’aide de Gascón) fait exploser l’écran.
Audiard a initialement écrit « Emilia Pérez » comme un livret d’opéra (inspiré du roman « Écoute » de Boris Razon), mais en ce qui concerne le scénario, il était tout ouïe.
« Jacques ne voulait pas travailler sur un scénario déjà abouti », explique Ducol. « Il nous a donné 30 pages d’un traitement, et il voulait que la musique contribue au scénario… pour construire l’histoire à travers nos chansons. Il voulait que la musique soit au cœur de l’action, de la narration, de la psychologie des personnages.
« Mi Camino » (« Mon chemin ») est un bon exemple de la façon dont les chansons – et le casting – ont contribué à façonner les personnages.
« Au début, [the wife] Jessi était fondamentalement passive-agressive. … Jacques s’est rendu compte qu’on ne s’attacherait pas assez à elle », raconte Camille. Avant le casting du rôle, Camille et Ducol avaient écrit quelques chansons pour la femme du chef du cartel qui se croit veuve et sort de sa coquille, mais Camille dit qu’elles se ressemblent trop : « Le [first] la chanson était juste: « Je m’amuse, je fais l’amour, je suis défoncé. » Nous en avons eu un autre qui disait : « Je suis défoncé, je fais l’amour. » Des ambiances différentes mais on tourne en rond. Le casting de Gomez a incité le scénariste-réalisateur à étoffer le personnage.
Il a déclaré aux auteurs-compositeurs : « Je veux lui apporter quelque chose de la vie de Selena. Je veux que la chanson apporte quelque chose de nouveau pour Selena », dit Camille.
« Nous n’avons pas eu l’occasion de la rencontrer en personne [before writing the song] mais je l’ai rencontrée grâce à son documentaire », explique Ducol de « Mon esprit et moi», le film de 2022 qui explore les problèmes réels de Gomez en matière de santé mentale. « Sa sensibilité était si engageante et si forte que la chanson a été créée très rapidement. Nous l’avons écrit en l’espace de quelques heures. Pour certaines chansons, comme « El Mal », nous avions des dizaines de versions différentes. « Mi Camino » vient de refaire surface.
La chanson, ajoute-t-elle, est devenue « profondément touchante, pleine de cœur ». De l’autre côté se trouve « El Mal », une condamnation véhémente des personnes terribles – meurtriers, politiciens corrompus – qui contribuent à l’association caritative de l’ancien baron de la drogue visant à localiser les restes des victimes du cartel.
« Chaque fois que Jacques en parlait, il était en colère. Une fois, il pleurait presque. Corruption [and] l’hypocrisie et ces [evil] les gens font des œuvres caritatives… Je pense que cette chanson était vraiment destinée à se venger de lui », dit Camille. « Nous avons essayé ce truc de Bob Dylan, comme… » elle débite une représentation rapide et absurde de « Blues souterrain du mal du pays», « puis nous avons vécu quelque chose de plus funky, de plus ironique, du genre Talking Heads », dit-elle en riant. «Ensuite, c’était plus hip-hop. Ensuite, nous avons terminé avec cette ambiance plus hard-rock qui convient très très bien à Zoé.
Dans un couplet, Saldaña chante/rappe des paroles espagnoles qui se traduisent par : «Le chimiste, il a récemment fait tuer son partenaire commercial et sa famille / Tous au massacre ! / Et qu’ont-ils fait des cadavres ? / Acide !»
« Je me souviens [repeating] ces paroles encore et encore, et j’avais envie de vomir. Ce sont des gens horribles. Et pour trouver le bon rythme, le bon rythme et les bonnes respirations, je pleurais littéralement. Je suis donc contente que Zoé ait pris le relais. Et je l’ai dansé. Il nous fallait une danse », dit Camille en riant.
Ducol dit : « Ce que j’aime dans ‘El Mal’, c’est qu’on parle de choses assez dures, et tout d’un coup, on se retrouve devant un vrai numéro musical, et on comprend qu’on n’est plus dans le réel. cinéma. Il y a de la danse, du chant, des sauts sur les tables, et tous les autres personnages deviennent comme des marionnettes dans le théâtre japonais. Le spectateur prend conscience de l’histoire à un niveau plus profond.