Tour des pompiers / Bureau d’architecture Vlad Sebastian Rusu + Octav Silviu Olanescu
Description textuelle fournie par les architectes. La tour, construite en couches successives (XVe siècle et années 1870), utilisée pour la défense puis pour la surveillance de la ville, reste un observatoire urbain à travers les temps nouveaux, un lieu de contemplation et de lecture du développement urbain. Le nouvel âge se matérialise à travers une intervention discrète, intégrée et unitaire, qui vise, par des moyens simples et réversibles, à obtenir une activation cohérente de la tour, tout en offrant une lecture sur la ville passée et future.
Construite très probablement dans les dernières décennies du XVe siècle, la Tour des Pompiers, anciennement Tour des Tisserands, faisait partie de la deuxième enceinte médiévale de la ville, gardant le quartier pendant des siècles. Après la démolition des tours-portes de la ville, au début des années 1870, la possibilité de démolir cette tour de l’enceinte fortifiée fut également formulée, mais le conseil municipal vota sa transformation en tour de pompiers. En 1960, un projet fut développé pour restaurer le bâtiment, devenu entre-temps monument historique. La restauration a été réalisée dans le paradigme de l’époque, en introduisant des planchers et des rampes en béton armé à l’intérieur, en forte contradiction avec la structure patrimoniale de la tour. En 1985, la tour fut transformée en musée astronomique, recevant à son sommet une pyramide de verre, qui remplaçait l’ancien piquet de la caserne des pompiers. Au moment du lancement du projet de restauration et de revitalisation en 2017, la tour souffrait d’un semi-abandon et d’un désintérêt du public.
Après la suppression de tous les éléments en béton armé, le nouveau noyau translucide devient l’épine dorsale de la tour, ce qui facilite l’accessibilité au niveau supérieur, permet de visiter l’espace intérieur et confère une rigidité structurelle. Proposé comme un voile semi-transparent, le noyau s’inscrit ainsi dans le troisième âge de la tour, qui révèle les autres phases et étapes de son évolution. Imaginé comme un parcours descendant, le parcours de la tour part du plus haut niveau panoramique, où le visiteur joue le double rôle : d’acteur et de spectateur de la réalité présente. De là, le parcours de visite descend, passant par différents espaces et couches, offrant une série d’expériences sensorielles, ainsi qu’un fil narratif d’exposition, qui révèle des réalités antérieures. Le visiteur expérimente et explore des moments de l’histoire de la ville et de la tour à travers les scènes spatiales de dioramas et de réalité augmentée, présentes tout au long du parcours touristique.
Le classement de l’expérience de visite de la tour part de la contemplation de la ville dans son ensemble, captée dans la réalité de nos jours, depuis le point le plus haut, imaginée comme un diorama vivant, sans limites, avec seulement un contour discret. À partir de là, la ville est vue et reflétée à travers le filtre de chaque spectateur. Le modèle de cité médiévale fortifiée proposé à ce niveau devient ainsi le seul élément figé dans le temps, qui se reflète toujours, gardant dans l’esprit collectif le moment historique de la naissance de la tour. Il est proposé que tous les nouveaux éléments soient constitués d’éléments métalliques détachés de l’enveloppe intérieure et extérieure de la tour, générant une certaine semi-transparence pour la lecture des deux premiers âges de la tour. Le reste des éléments patrimoniaux de la tour a été restauré selon les principes propres aux monuments historiques, évoquant l’époque médiévale de la tour grâce à des techniques traditionnelles.