Le gouvernement Legault ne s’émeut pas de l’incapacité du capitaine du Canadien de Montréal, Nick Suzuki, à communiquer en français, même s’il invite les joueurs professionnels à faire un effort pour apprendre la langue officielle du Québec.
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Le débat a été lié à la publication du livre Le CH et son peuple, par le journaliste anglophone Brendan Kelly. Celui-ci estime que les joueurs vedettes du CH devraient pouvoir communiquer directement avec leurs partisans francophones.
«Je ne comprends pas que Nick Suzuki, le capitaine, n’a pas appris le français en cinq ans!», s’étonne ce chroniqueur au quotidien La Gazette.
Mais le gouvernement Legault refuse de jeter la pierre, même s’il martèle depuis des années l’importance de vivre et de communiquer en français au Québec.
Tout au plus, la ministre responsable du Sport, Isabelle Charest, estime que le jeune joueur ontarien devrait tenter d’apprendre la langue officielle du Québec, de «faire un effort» en ce sens.
«Mais je pense que ce n’est pas un prérequis», dit M.moi Charest.
Elle donne l’exemple d’Anthony Calvillo, ex-quart-arrière vedette des Alouettes, qui a longtemps travaillé à Montréal sans s’adresser aux médias en français. Depuis qu’il est revenu dans la formation à titre d’entraîneur des quarts, il a démontré une certaine progression dans la langue de Molière, fait-elle valoir.
Volontaire
Le ministre de la Langue française, Jean-François Roberge, ne fait pas non plus trop de cas de la domination de l’anglais dans le vestiaire du CH.
«Moi, je souhaite que les joueurs d’équipes professionnelles apprennent la langue, je comprends que c’est extrêmement difficile, ils ont quasiment un horaire de ministre. Écoutez, je pense que ça appartient aux organisations, mais je souhaite évidemment qu’un maximum de joueurs apprennent la langue», affirme M. Roberge.
Le ministre vient pourtant tout juste de lancer une campagne publicitaire invitant les Québécois à exiger le français, tant au travail que dans les autres aspects de la vie en société.
Jean-François Roberge a également tenu un discours beaucoup plus tranché au sujet de la gouverneure générale Mary Simon, il y a seulement deux semaines.
«Ce n’est clairement pas acceptable. La gouverneure générale du Canada devrait être en mesure de s’exprimer dans les deux langues officielles du pays. C’est la moindre des choses. C’est une question de respect pour les Québécois et tous les francophones au Canada», déclare-t-il.
Comme Crosby?
Du côté du Parti Québécois, le député Pascal Paradis estime que les joueurs devraient «idéalement» apprendre la langue de Molière lorsqu’ils viennent jouer à Montréal.
«Vous savez, il fut une époque où beaucoup de joueurs du Canadien apprenaient le français, y compris des anciens capitaines comme Bob Gainey», a-t-il souligné.
À ses côtés, son collègue Pascal Bérubé a rappelé que Sidney Crosby, originaire de la Nouvelle-Écosse, a appris la langue lors de son passage à Rimouski, même s’il savait qu’il serait rapidement repêché par la Ligue nationale de hockey.
«Il a demandé à apprendre le français même s’il allait faire deux ans. Il a dit qu’il a fait ça par respect pour les gens qui l’accueillent à Rimouski. Il a continué à apprendre le français. Et, lorsqu’on lui a demandé, dans un grand banquet de la Ligue de hockey junior majeur du Québec, d’aller dire un mot, il a dit : « Je vais y aller si je le fais en français ». Et, si on lui disait non, il ne l’aurait pas fait», a-t-il raconté.