Le rapport quantifie la perte de PIB, les délais de reprise et les effets durables sur la pauvreté et les dépenses des ménages, dressant un tableau intimidant des défis de développement à venir.
La CNUCED a publié le 31 janvier un rapport sur la détérioration sociale et économique à Gaza depuis le début de l’opération militaire après le 7 octobre 2023.
Le rapport quantifie la perte de PIB, les délais de reprise et les effets durables sur la pauvreté et les dépenses des ménages, dressant un tableau intimidant des défis de développement à venir.
En utilisant des images satellite innovantes et des données officielles, la CNUCED estime que l’économie de Gaza s’était déjà contractée de 4,5 % au cours des trois premiers trimestres de 2023. Cependant, l’opération militaire a considérablement accéléré ce déclin, entraînant une contraction de 24 % du PIB et une baisse de 26,1 %. du PIB par habitant pour l’année entière.
Si l’opération militaire actuelle devait se terminer immédiatement, avec le démarrage immédiat de la reconstruction et si les tendances de croissance de 2007 à 2022 devaient persister avec un taux de croissance moyen de 0,4 %, il faudrait à Gaza jusqu’en 2092 pour restaurer les niveaux de PIB de 2022, avec un PIB par habitant et des conditions socio-économiques en déclin continu.
Cependant, même dans le scénario le plus optimiste selon lequel le PIB pourrait croître de 10 % par an, il faudrait encore attendre 2035 pour que le PIB par habitant de Gaza revienne à son niveau d’avant le blocus de 2006.
La reprise de l’économie de Gaza après l’opération militaire actuelle exigera un engagement financier plusieurs fois supérieur aux 3,9 milliards de dollars résultant de l’opération militaire de 2014 à Gaza et nécessitera un effort international concerté pour restaurer les conditions socio-économiques d’avant le conflit.
Gaza devient inhabitable
Les conditions socio-économiques à Gaza étaient désastreuses en 2022 et au premier semestre 2023, avec plus de deux millions de Gazaouis confinés dans l’un des espaces les plus densément peuplés du monde, souffrant d’un accès insuffisant à l’eau potable, d’un approvisionnement sporadique en électricité et sans système d’égouts adéquat. . Les deux tiers de la population vivaient dans la pauvreté et 45 % de la population active était au chômage avant le début de la dernière opération militaire.
L’opération militaire en cours a déplacé 85 % de la population de Gaza, stoppant les activités économiques et aggravant encore la pauvreté et le chômage.
L’évaluation de la CNUCED souligne que le rétablissement des conditions socioéconomiques d’avant le conflit à Gaza prendra des décennies et nécessitera une aide étrangère substantielle.
En décembre 2023, le chômage avait atteint 79,3 %. Pendant ce temps, 37 379 bâtiments – soit 18 % du total des structures de la bande de Gaza – ont été endommagés ou détruits par l’opération militaire. La bande de Gaza, dont la moitié de la population est composée d’enfants, est désormais rendue presque inhabitable, les habitants n’ayant pas de sources de revenus adéquates et n’ayant pas accès à l’eau, à l’assainissement, à la santé ou à l’éducation.
Le retour au statu quo d’avant le conflit n’est « pas une option »
Le rapport souligne la nécessité urgente de briser le cycle de destruction économique qui a rendu 80 % de la population dépendante de l’aide internationale, avertissant qu’un retour au statu quo d’avant le conflit n’est pas une option.
La possibilité et la rapidité du redressement à Gaza dépendront de la fin de l’opération militaire en cours, du niveau d’engagement des donateurs et de la croissance ultérieure de l’économie de Gaza.
Un scénario optimiste suggère que même avec une fin immédiate des combats, ramener Gaza aux conditions socio-économiques qui prévalaient avant le déclenchement de la confrontation actuelle prendrait des décennies sans un programme de redressement correctement financé et pleinement soutenu par la communauté internationale.
Cependant, l’évaluation de la CNUCED prévient qu’une nouvelle phase de réhabilitation économique ne peut pas simplement avoir pour objectif un retour au statu quo d’avant octobre 2023. Le cercle vicieux de la destruction et de la reconstruction partielle doit être brisé.
Des contraintes ancrées dans 56 ans d’occupation et 17 ans de blocus
Les contraintes économiques de Gaza, enracinées dans 56 ans d’occupation et 17 ans de blocus, nécessitent une compréhension approfondie et des stratégies réalistes pour libérer son potentiel de croissance grâce à des mesures comprenant la restauration de l’aéroport international de Gaza, aujourd’hui inutilisable, la construction d’un port maritime et la possibilité de Le gouvernement palestinien va développer les gisements de gaz naturel découverts dans les années 1990 dans la mer Méditerranée au large de Gaza pour aider à financer la reconstruction des infrastructures.
Le rapport souligne l’importance de fournir un soutien budgétaire immédiat et solide au gouvernement palestinien. Un tel soutien contribuerait à prévenir un effondrement plus large en soutenant la gouvernance, en fournissant des services publics essentiels et en maintenant la demande globale grâce au paiement des salaires et à l’apurement des arriérés envers le secteur privé. L’aide étrangère est passée d’un total de 2 milliards de dollars, soit 27 % du PIB, en 2008 à 550 millions de dollars, soit moins de 3 % du PIB, en 2022.
La CNUCED souligne que la résolution des crises à Gaza nécessite la fin de l’opération militaire actuelle et la levée du blocus, étape cruciale vers la réalisation d’une solution à deux États le long des frontières de 1967, conformément au droit international et aux résolutions pertinentes des Nations Unies.
Le rapport exhorte les donateurs et la communauté internationale à reconnaître que les contraintes qui pèsent sur l’économie palestinienne, en particulier à Gaza, s’étendent au-delà de la récente confrontation.