Saône-et-Loire : les douaniers saisissent une véritable « usine à cigarettes »

Lundi 8 janvier 2023, les douaniers de Bourg-en-Bresse ont saisi un camion contenant six tonnes de tabac et tout le matériel nécessaire pour monter une véritable usine clandestine de cigarettes. Une saisie historique !

Le ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire a tenu à « féliciter », mardi dernier, les douaniers de Bourg-en-Bresse « pour cette constatation exceptionnelle ».

Selon un communiqué de Bercy, « c’est la première fois que l’ensemble des éléments entrant dans une ligne de production de cigarettes de contrefaçons est intercepté à la circulation sur le territoire français, du tabac brut aux différents précurseurs entrant dans la fabrication des paquets de cigarettes en passant par certaines pièces composant la machine elle-même ».

Cette saisie inédite répond d’ailleurs aux objectifs du plan tabac 2023-2025 du gouvernement visant à enrayer les trafics de cigarettes. Depuis des années, les cigarettes font l’objet d’un trafic qui augmente au même rythme que celui de la hausse des prix des paquets. Une inflation souhaitée par l’Etat dans un but de santé publique.

Revenons en détail sur cette saisie exceptionnelle. Lundi 8 janvier au matin, sur l’aire dite du poulet de Bresse, située sur l’A39, à proximité de Dommartin-lès-Cuiseaux (Saône-et-Loire), les douaniers décident de contrôler des véhicules au hasard. « Plusieurs routiers étaient en pause et avaient stationné leur camion. C’était un contrôle de pure initiative, sans le moindre doute à la base », précise Grégory Guiraud, chef divisionnaire de la douane dans l’Ain

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la « chance » était du côté des douaniers. Après avoir demandé à un chauffeur, ressortissant moldave possédant un passeport roumain, d’ouvrir l’arrière de la remorque, ils tombent sur un premier carton contenant des milliers de filtres à cigarettes.

« Bien évidemment, cela a attiré leur attention et ils ont contrôlé les documents de transport qui n’indiquaient pas du tout ce type de marchandise. Alors, un de mes agents s’est faufilé dans le camion et a trouvé un gros carton avec du tabac en vrac », poursuit Grégory Guiraud.

Les douaniers emmènent alors le camion dans un entrepôt afin d’effectuer un contrôle poussé. Résultat : 75 cartons contenant chacun 95 kg de tabac sont découverts, soit plus de six tonnes de marchandises.

Cela ne s’arrête pas là, puisque les agents saisissent également une palette de planches d’emballages de paquets de cigarettes logotés Marlboro Rouge, 120 rouleaux de papiers pour confectionner l’intérieur des paquets, 116 rouleaux de papiers servant à créer les cartouches, 324 rouleaux de film plastique pour emballer les cartouches, 10 rouleaux d’emballage dédiés aux paquets, 25 bidons de colle blanche et 742 500 filtres à cigarettes, prêts à être découpés, réparties dans 33 cartons.

Les douaniers ont aussi mis la main sur un compresseur et des moteurs. Il y avait donc le matériel nécessaire pour monter une véritable « usine clandestine » de fabrication de cigarettes, de paquets et de cartouches. Des cigarettes contrefaites dont l’acheteur ne pourra pas détecter.

Selon le chef divisionnaire de la douane, les contrebandiers n’avaient plus qu’à trouver un endroit discret, et y déployer une vraie ligne de production. « Nous avions l’habitude de saisir du tabac, mais ce qui rend l’affaire exceptionnelle c’est ce matériel et la marchandise pour monter une usine, un phénomène récent en France ».

Mais alors quel lieu était privilégié pour installer cette « usine » ? Le chauffeur, qui roulait vers le nord, n’a pas de réponse à cette question. Il aurait découvert le contenu de son camion en même temps que les douaniers. Le poids lourd est aujourd’hui stationné au Service d’enquête judiciaire des finances (SEJF). De son côté, le chauffeur a été placé en détention provisoire après l’ouverture d’une information judiciaire au tribunal de Chalon-sur-Saône.

« L’affaire restera dans les annales, c’est un dossier exceptionnel. C’est une contrebande très lucrative, sachant qu’une cartouche se revend entre 45 et 60 euros sur le marché parallèle », conclut Grégory Guiraud.